La situation
Dès la création de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) en 2001, les 82 municipalités qui la composent ont entamé une profonde réflexion quant à l’aménagement du territoire, à ce qu’il convenait de faire pour contrer l’étalement urbain et assurer son développement dans une perspective durable, et ainsi en faire une région compétitive et attractive. Cette étape s’est conclue par l’adoption du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD).
Depuis son entrée en vigueur en 2012, les municipalités régionales de comté (MRC) et les municipalités respectent ses orientations et se conforment aux règlements qui en découlent. Leurs efforts ont d’ailleurs déjà porté fruit et favorisé une densification notable du périmètre d’urbanisation métropolitain, permettant d’optimiser l’espace disponible au développement sans empiéter sur la zone agricole.
Mais ces efforts, parfois réalisés à prix fort, pourraient devenir inutiles si les MRC limitrophes de la région métropolitaine n’en font pas également.
L’importance des aires métropolitaines
Le monde est de plus en plus urbain. Pour la première fois de l’histoire, plus de la moitié de la population mondiale habite désormais dans les villes, une proportion qui atteindra 70 % en 2050. Les aires métropolitaines sont donc appelées à jouer un rôle crucial dans le monde d’aujourd’hui et de demain, et ce, partout sur la planète.
Le Grand Montréal, qui figure dans le peloton de tête des 494 régions métropolitaines comptant entre 1 et 5 millions d’habitants, se voit lui aussi transformé par ce processus de métropolisation et de concentration des populations qui s’accompagne de multiples défis. Il n’y a qu’à penser à la gestion des déchets, la protection de l’environnement ou encore la sécurité des personnes et des biens.
Consciente de faire partie de ce grand bouleversement et de ses impacts, la CMM a rédigé un document déclencheur intitulé « Les aires métropolitaines à l’heure d’Habitat III (PDF – 1 Mo) ». Celui-ci avait pour but de nourrir le dialogue entre les représentants des États membres de l’ONU, des institutions métropolitaines, des municipalités et de la société civile réunis à Montréal en octobre 2015, dans le cadre de la Conférence thématique de Montréal sur les aires métropolitaines.
De cette démarche est née la Déclaration de Montréal sur les aires métropolitaines (PDF – 2 Mo), qui a reçu l’appui de nombreuses organisations dont l’Association des grandes métropoles (Metropolis), le Réseau des aires métropolitaines des Amériques (RAMA), la Commission canadienne pour l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) et le Fonds mondial de développement des villes (FMDV).
Ce document souligne le rôle de premier plan que jouent les aires métropolitaines dans l’atteinte des grands objectifs mondiaux de développement durable adoptés par l’ONU. Mais surtout, il met en lumière l’importance de la coopération métropolitaine pour relever les défis de l’urbanisation mondiale dans une perspective durable.
C’est sur cette coopération que la CMM mise pour assurer un aménagement et un développement responsable et durable du Grand Montréal.
La problématique
Marquées par une croissance démographique accélérée au cours des dernières années, les municipalités limitrophes de la région métropolitaine contribuent à l’accroissement de l’urbanisation périmétropolitaine, laquelle entraîne des répercussions pour les municipalités de la CMM.
D’abord parce que ces municipalités présentent une importante intégration socioéconomique avec le territoire métropolitain. Les récentes données de l’Observatoire Grand Montréal démontrent notamment que 28 % de la population active de ces municipalités occupent un emploi régulier sur le territoire de la CMM. Le nombre de ces travailleurs s’élève à 100 000, dont 94 % utilisent presque exclusivement l’automobile comme mode de transport. Ce phénomène est devenu si manifeste que la commission du transport de la CMM a reçu le mandat d’étudier les effets de débordement des municipalités de la 3e couronne en matière de transport. Elle doit notamment estimer leur ampleur et les impacts financiers reliés à l’utilisation du transport collectif et du réseau routier du Grand Montréal, dont la gestion incombe aux municipalités de la CMM.
En outre, contrairement à ce qui se fait sur le territoire de la CMM – où la part des maisons individuelles dans les mises en chantier résidentielles est passée de plus de 70 % au début des années 2000 à environ 15 % en 2019, plusieurs de ces municipalités présentent un développement résidentiel reposant principalement sur la construction de maisons unifamiliales isolées. Plutôt que de densifier les espaces voués à l’urbanisation, elles consomment plus d’espace et contribuent ainsi à l’agrandissement des périmètres d’urbanisation et à la disparition de terres agricoles ou de milieux naturels.
En adoptant des schémas d’aménagement et de développement contraires au principe de consolidation des zones urbaines, les MRC ne tiennent pas compte des orientations gouvernementales, particulièrement l’orientation 10 et le principe de complémentarité qui vise à freiner l’étalement urbain.
Les impacts
La gestion de l’urbanisation de ces MRC crée une iniquité face à leurs voisines de la CMM qui remet en cause les fondements mêmes de l’orientation 10, notamment en ce qui a trait aux seuils de densité et aux agrandissements des périmètres d’urbanisation, dont certains en zone agricole.
Par ailleurs, cet étalement urbain engendre des coûts pour les municipalités de la CMM, entre autres pour le développement, les équipements et l’entretien des réseaux de transport en commun et routier. Comme la croissance démographique de ces MRC résulte en grande partie de la migration de citoyens de la région métropolitaine vers la région périurbaine, l’aménagement étalé de leur territoire contribuera à stimuler la construction de nouvelles routes et l’augmentation du nombre de véhicules, des distances parcourues et de la congestion.
S’enchaînent ensuite toute une panoplie de conséquences :
- augmentation de la consommation d’énergie
- hausse des gaz à effet de serre
- augmentation du temps de transport
- baisse du transport actif
- hausse des îlots de chaleur
- perte de biodiversité
- baisse de la qualité de l’eau
- diminution des cultures et de l’autonomie régionale alimentaire
- intensification des impacts des changements climatiques, notamment les inondations
La solution
À l’heure où le Grand Montréal, et le Québec tout entier, doit effectuer un important virage écologique, il est essentiel d’aménager le territoire de façon responsable et de s’assurer que cet engagement soit partagé et respecté par tout un chacun. Appliquer les orientations de l’Addenda gouvernemental en matière d’aménagement, dans une optique de complémentarité des planifications métropolitaine et périmétropolitaine, constitue la première condition pour contrer l’étalement urbain.
S’appuyant sur les mêmes principes d’urbanisation qui guident le PMAD, cette orientation permettra notamment :
- d’optimiser l’espace, en augmentant la densité résidentielle et en limitant le développement urbain à l’intérieur d’un périmètre
- de favoriser l’implantation de modes de transport en commun structurants
Guidée par cet esprit de collaboration émanant de la Déclaration de Montréal sur les aires métropolitaines et déterminée à trouver des solutions pour freiner l’étalement urbain et l’utilisation de l’auto solo, la CMM entend ouvrir le dialogue avec les municipalités locales et régionales contiguës au territoire métropolitain en leur proposant notamment des ententes pour y développer l’offre de transport collectif.
Établies en fonction des particularités de chaque milieu, ces ententes permettront de mettre en place un réseau de transport en commun structurant qui répondra aux besoins de la population de la CMM et des municipalités de son pourtour, et d’atteindre ainsi l’objectif cible du PMAD d’accroître à 35 % la part modale du transport collectif dans les déplacements en période de pointe du matin d’ici 2031. Une entente type est en cours d’élaboration et fera l’objet d’une démarche de consultation auprès de l’ensemble des partenaires.
Cette solution s’ajoutera à la mise en place du programme de compensation aux municipalités rurales qui offre un soutien financier aux 19 municipalités de la CMM dont la superficie est composée à 80 % ou plus de terres agricoles pour compenser la perte de revenus fonciers qu’elles auraient obtenus si elles avaient continué à développer leur territoire. Ce programme constitue une solution novatrice favorisant un aménagement du territoire durable et la protection de la zone agricole.
Consultez la documentation :
- Note de l’Observatoire Grand Montréal : Le phénomène de l’urbanisation périmétropolitaine en progression au pourtour du Grand Montréal (PDF – 1 Mo)
- Addenda modifiant les orientations gouvernementales en matière d’aménagement pour le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (PDF – 357 Ko)
- Communiqué de presse : L’étalement urbain s’intensifie au pourtour du Grand Montréal
- Communiqué de presse : La CMM et les élus de la couronne Nord jugent déraisonnable un avis favorable au dézonage de terres agricoles
- Nouvelle – Schéma d’aménagement de la MRC de Joliette : la CMM émet un avis défavorable
- Lettre de la CMM au sous-ministre Daniel A. Gaudreau (PDF – 1 Mo)
- Communiqué de presse : La CMM propose des solutions pour freiner l’étalement urbain et développer le transport collectif