La hausse continue des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’influence de ces émissions sur le climat font aujourd’hui l’objet d’un large consensus au sein de la communauté scientifique.
La situation
Même en suivant le scénario le plus optimiste relativement aux mesures de réduction des émissions de GES mises en œuvre, celles-ci seront insuffisantes pour arrêter les changements climatiques amorcés, notamment en raison de la durée de vie des gaz déjà présents dans l’atmosphère, du défi que représente une réduction draconienne des émissions pour les pays développés et du risque d’augmentation des émissions des pays en développement.
Devant ces constats, il devient incontournable d’adopter une stratégie de lutte contre les changements climatiques qui s’articule à la fois autour de la réduction des émissions de GES et de l’adaptation aux changements climatiques. Dans les deux cas, les mesures qui seront mises en œuvre seront plus efficaces si elles s’inscrivent dans une approche régionale que locale.
Une approche à deux volets
Réduction | Adaptation
Volet 1
La réduction des émissions de GES
La réduction des émissions de GES vise à ralentir le rythme de l’augmentation des GES émis à l’atmosphère afin de limiter les changements climatiques. Les actions exigent essentiellement de diminuer notre consommation d’énergie fossile. On peut y arriver en modifiant nos comportements pour consommer moins, en améliorant la performance des systèmes et procédés ou en substituant les sources d’énergie fossile par des sources moins émettrices de GES telles que les énergies renouvelables.
- Transport routier
- Industries
- Résidences - commerces et institutions
- Agriculture
- Transport hors route
- Matières résiduelles
- Électricité
Les principales sources d’émissions
Afin d’identifier les mesures de réduction d’émissions de GES potentielles les plus prometteuses, il est essentiel de connaître les principales sources d’émissions. La figure qui suit illustre la répartition des sources d’émissions de GES à l’échelle de la province[1]. Les données présentées sont les plus récentes disponibles.
Le transport routier est le secteur où le plus de gains peuvent être faits en matière de réduction d’émissions de GES. Non seulement il s’agit du plus grand émetteur en tonnes d’équivalent CO2, mais il s’agit également du seul secteur ayant connu une hausse d’émissions prononcée depuis 1990, soit 52 %, tandis que la population augmentait de 17,6 %.
Contribution du PMAD
à la réduction des émissions de GES
Des Objectifs
- Orienter 40 % de la croissance des ménages aux points d’accès du réseau de transport en commun métropolitain structurant
- Optimiser le développement urbain à l’extérieur des aires TOD
- Identifier un réseau de transport en commun qui permet de structurer l’urbanisation
- Hausser à 30 % la part modale des déplacements effectués en transport en commun à la période de pointe du matin d’ici 2021
- Optimiser et compléter le réseau routier pour soutenir les déplacements des personnes et des marchandises
- Favoriser la mobilité active à l’échelle métropolitaine
Des plans, des programmes et des projets
Volet 2
L’adaptation aux changements climatiques
L’adaptation aux changements climatiques est le processus par lequel les communautés et les écosystèmes s’ajustent aux changements du climat et aux effets associés afin de limiter les conséquences négatives et de profiter des bénéfices potentiels. Pour y parvenir, il est essentiel d’identifier les changements climatiques régionaux anticipés, les impacts potentiels ainsi que les facteurs de vulnérabilité du territoire, de la population, des infrastructures et des milieux naturels.
Les bouleversements du climat observés à l’échelle planétaire influencent les paramètres du climat local, tels que les températures moyennes et extrêmes, les précipitations et les vents, à l’échelle du territoire de la CMM. Ainsi, les municipalités de la CMM ont et auront à composer avec des changements climatiques qui affectent et affecteront le milieu naturel, le cadre bâti, la population et les activités socio-économiques. Plusieurs facteurs non climatiques, tel que l’état des infrastructures, l’aménagement du territoire et les caractéristiques sociodémographiques, ont pour effet d’amplifier, ou au contraire, de limiter les impacts des changements climatiques.
observées et projetées sur le territoire de la CMM
observées et projetées sur le territoire de la CMM
quatre principaux enjeux
de l’adaptation aux changements climatiques
1 Augmentation des températures moyennes
L’augmentation des températures moyennes est la conséquence directe de l’augmentation des concentrations de GES dans l’atmosphère. En plus d’avoir des impacts sur l’activité humaine, l’augmentation des températures moyennes affecte d’autres variables climatiques comme les précipitations et les vents.
Projections climatiques
Selon les scénarios de réchauffement climatique et les modélisations effectuées, les changements projetés vers 2050 pour le Québec, relativement aux températures moyennes et aux saisons, sont [2] :
- Une saison de croissance des végétaux qui s’étirera encore davantage de 10 à 30 jours, ce qui se traduit par une saison estivale plus longue.
- Un hiver plus court, où la période d’enneigement sera réduite de 15 à 45 jours et la saison de gel diminuera de 2 à 4 semaines.
impacts
Les impacts liés à ces changements sont nombreux et touchent particulièrement les milieux naturels, la santé et les activités économiques. On prévoit notamment :
- Un déplacement des niches bioclimatiques des espèces de plus de 500 km vers le nord d’ici un siècle.
- Un allongement de la saison pollinique qui aura des répercussions sur la santé des personnes souffrant d’allergies à l’herbe à poux.
- L’introduction de nouvelles espèces, animales ou végétales, dont certaines peuvent être envahissantes ou indésirables.
- Un déclin de la biodiversité.
- Des dommages au réseau routier (nids-de-poule) engendrés par la hausse des cycles de gel-dégel.
2 Hausse des températures extrêmes
La hausse des températures moyennes a une incidence sur les évènements de chaleur extrême à l’échelle du globe et également du territoire de la région métropolitaine de Montréal. L’observation des données passées révèle, pour le sud du Québec, des augmentations significatives du nombre de nuits et de jours de chaleur accablante ainsi que de la durée des vagues de chaleur[3].
[3] Ouranos. 2015. Synthèse des connaissances sur les changements climatiques au Québec – Édition 2015
Projections climatiques
Les projections relatives aux vagues de chaleur pour le sud du Québec indiquent que la durée des vagues de chaleur et la fréquence des nuits chaudes (> 20 oC) connaîtront de fortes augmentations. De plus, il est projeté que, en été, l’augmentation des températures extrêmes maximales sera plus intense que l’augmentation des températures moyennes[4]. Les périodes de chaleur accablante seront donc plus fréquentes et plus intenses.
En fonction des données passées et projetées spécifiques à la région métropolitaine de Montréal, la moyenne des températures quotidiennes maximales estivales pourrait atteindre jusqu’à 31 oC d’ici 2100[5]. Rappelons qu’il s’agit d’une moyenne, ce qui signifie que la température maximale atteindrait souvent des valeurs au-delà de 31 oC.
[4] Ouranos. 2015. Synthèse des connaissances sur les changements climatiques au Québec – Édition 2015
[5] Ouranos. 2016. Portrait des changements climatiques pour les zones urbaines du Québec
impacts
- Une amplification du phénomène d’ilots de chaleur
- Divers problèmes de santé liés au déséquilibre de la température corporelle (hyperthermie), particulièrement chez les plus vulnérables (jeunes enfants, personnes âgées, personnes souffrant de maladies chroniques, etc.)
- Une augmentation du taux de mortalité prématurée
- Un ralentissement dans les travaux extérieurs
- De l’inconfort dans les transports publics
- Une augmentation de la demande en énergie (climatisation) et en eau potable
- Une demande accrue pour les piscines et jeux d’eau
- Des problèmes de gestion des matières résiduelles (mauvaises odeurs, prolifération de mouches, etc.)
- La prolifération de cyanobactéries (algues bleues) dans les plans d’eau
3 Les pluies abondantes
Les épisodes de pluie abondante seront de plus en plus intenses et plus fréquents,
Projections climatiques
Ce qui est projeté pour le sud du Québec à l’horizon 2041-2070[7] :
- L’intensité des épisodes de pluie abondante augmentera de 10 à 25 %
- Les périodes de retour des pluies abondantes seront raccourcies significativement, passant par exemple de 20 à 7 ans
- La quantité de pluie qui tombe lors d’un évènement de pluie abondante connaîtra une hausse allant jusqu’à 70 %
impacts
Les impacts d’une hausse de la fréquence et de l’intensité des pluies abondantes comprennent :
- Des inondations provoquant des pertes matérielles et pouvant entraîner une détresse psychologique chez les sinistrés.
- Des entraves à la circulation pour tous les modes de transport.
- Le déploiement de mesures d’urgence et l’augmentation de la demande en matière de sécurité civile.
- Une augmentation des coûts de traitement des eaux usées.
- Des débordements d’égouts ou des surverses entraînant des eaux usées dans les milieux naturels.
- Des phénomènes d’érosion et de glissement de terrain.
- La création de mares d’eau temporaires favorisant la croissance de certains insectes.
- La création de zones favorables au développement d’animaux à risque pour la santé humaine, tels que le virus du Nil occidental et la maladie de Lyme.
4 Les débits des rivières
En raison du large éventail de facteurs climatiques qui influence le débit des cours d’eau (la fréquence et l’intensité des précipitations, le couvert de neige, la température, l’évaporation, le niveau de saturation des sols et la hauteur de la nappe phréatique), la modélisation des débits des rivières est complexe et les projections à cet égard n’arrivent pas toutes aux mêmes conclusions avec les mêmes niveaux de confiance.
[3] Ouranos. 2015. Synthèse des connaissances sur les changements climatiques au Québec – Édition 2015
Projections climatiques
On s’attend, avec un consensus élevé, aux tendances suivantes à l’horizon 2050 pour le Québec méridional[8] :
- Les crues printanières seront plus hâtives
- L’hydraulicité hivernale sera plus forte
- Les étiages estivaux seront plus sévères et plus longs
- Les étiages hivernaux seront moins sévères
La hausse des débits hivernaux moyens devrait être davantage marquée au sud du Québec et touchera donc particulièrement le territoire de la CMM. Ainsi, la crue du printemps 2017 donne un avant-goût des évènements extrêmes auxquels on peut s’attendre dans un avenir rapproché.
[8] Centre d’expertise hydrique du Québec (CEHQ). 2015. Atlas hydroclimatique du Québec méridional – Impact des changements climatiques sur les régimes de crue, d’étiage et d’hydraulicité à l’horizon 2050
impacts
Les impacts des fortes crues et des étiages sévères comprennent notamment :
- Des inondations pouvant causer d’importants dommages matériels et pertes ainsi qu’une détresse psychologique chez les sinistrés
- Des entraves à la circulation pour tous les modes de transport.
- Le déploiement de mesures d’urgence et l’augmentation de la demande en matière de sécurité civile.
- Une contamination des sources d’eau potable
- Des conflits d’usage pour la ressource eau
- Des sources d’eau potable inutilisables
- Des débordements d’égouts ou des surverses entraînant des eaux usées dans les milieux naturels.
Contribution du PMAD
à l’adaptation aux changements climatiques
Des Objectifs
- Identifier les contraintes majeures qui concernent le territoire de plusieurs MRC
- Protéger 17 % du territoire du Grand Montréal
- Protéger les rives, le littoral et les plaines inondables