
EXPERTISE
À l’heure de l’urgence climatique, alors que le Grand Montréal doit composer de plus en plus fréquemment avec des inondations et des pluies diluviennes qui affectent les infrastructures municipales et la population, la CMM, via son Bureau des inondations et de la résilience climatique (BIRC), offre à ses 82 municipalités un accompagnement afin de gérer les risques d’inondations et d’accélérer l’adaptation du territoire.
Le BIRC a remplacé, en mars 2025, le Bureau de projet de gestion des risques d’inondation, mis sur pied en 2017, à la suite des inondations historiques qui ont frappé le Grand Montréal. Il travaille notamment à concrétiser l’action 4 du Plan climat métropolitain 2023-2025 visant à cartographier les risques et les vulnérabilités associés au ruissellement urbain et aux îlots de chaleurs dans les différents quartiers du Grand Montréal.
L’expertise réunie au sein du BIRC, formé d’une dizaine d’experts, permet de fournir des données et des analyses afin d’accompagner les municipalités du Grand Montréal dans leurs diagnostics et leurs recherches de solutions face aux aléas climatiques, notamment aux enjeux d’inondations en milieu habité, entre autres alimentés par le ruissellement urbain.
CARTOGRAPHIE DES CUVETTES
La CMM réalisera une cartographie des cuvettes pour les 82 municipalités du Grand Montréal, qui leur sera remise d’ici la fin de l’année 2025.
Cette cartographie permettra d’identifier les endroits où se trouvent les cuvettes de rétention de l’eau de ruissellement, soit les endroits où, lors de fortes pluies, l’eau s’accumule à la surface du sol, sans s’y infiltrer, augmentant ainsi les risques d’inondations.
Puisque la cartographie des cuvettes seule est insuffisante pour évaluer l’importance des risques d’inondation sur le territoire, d’autres données devront être colligées. Grâce à l’octroi d’une subvention par le gouvernement du Québec, dans le cadre du volet 1 du Programme OASIS, la CMM sera en mesure de mener une analyse de vulnérabilité et de risques pour le ruissellement urbain et les vagues de chaleur dans le Grand Montréal. Ces travaux se dérouleront jusqu’à la fin de l’année 2025.
CARTOGRAPHIE DES ZONES INONDABLES
En juin 2024, le gouvernement du Québec a entrepris une consultation publique en vue de moderniser le cadre réglementaire sur les milieux hydriques et zones inondables.
Dans le cadre de cette consultation, la CMM a produit et acheminé aux 82 municipalités du Grand Montréal une cartographie préliminaire basée sur le guide méthodologique élaboré par le gouvernement du Québec afin de leur permettre de visualiser l’impact de la proposition réglementaire sur leur territoire.
Prenant en compte les inondations de 2017, 2019 et 2023, ainsi que l’effet anticipé des changements climatiques, ces cartes traduisent une hausse importante du nombre de bâtiments situés dans des zones d’exposition.
En septembre 2024, la CMM a soumis au gouvernement un mémoire lui demandant d’apporter des modifications au projet de règlement sur les milieux hydriques et les zones inondables, compte tenu de l’importance des zones à risque d’inondation dans le Grand Montréal. Les modifications suggérées permettraient de concilier les objectifs de gestion du risque avec les différentes réalités du territoire métropolitain.
L’adoption du cadre réglementaire modernisé est attendu au printemps 2025. L’entrée en vigueur suivra pendant l’hiver 2025-2026. Les premières cartes modernisées pourraient être officialisées lors de l’entrée en vigueur.
MÉTHODOLOGIE INNOVANTE
La CMM a développé, dès 2018, une méthodologie qui intègre l’expertise et les outils de la géomatique. Cette façon de procéder était alors une première en Amérique du Nord.
Grâce à cette méthodologie innovante, il est possible de produire une cartographie détaillée qui illustre les territoires à risque d’inondations et qui permet de comprendre de quelle façon l’eau s’y comporte. Cela permet d’obtenir une projection plus précise des niveaux d’eau pour un débit donné afin d’illustrer la sévérité potentielle des inondations.
Les données obtenues par la CMM permettent aussi d’alimenter le site web Crues Grand Montréal, un outil de surveillance et de prévisions des niveaux d’eau sur un horizon de 72 heures pour les secteurs situés en bordure des principaux cours d’eau du Grand Montréal : fleuve Saint-Laurent/lac Saint-Louis; rivière des Outaouais/lac des Deux Montagnes; et rivières des Mille Îles, des Prairies, Richelieu, Saint-Jacques, L’Assomption et Châteauguay.
APPROCHE PAR LE RISQUE
À partir de 2020, la CMM a adopté l’approche de gestion des inondations par le risque, qui implique la prise en compte de tous les facteurs qui influencent le niveau de risque d’inondations et qui reflète davantage la réalité telle qu’elle est vécue sur le terrain. Cette approche est reconnue mondialement par les experts des inondations.
Traditionnellement, la probabilité d’inondation s’évaluait en se basant sur l’historique des évènements passés. Or, avec les changements climatiques, le recours aux statistiques du passé pour anticiper les évènements à venir n’est plus suffisant.
Désormais, en plus de l’exposition du territoire aux inondations, la vulnérabilité du cadre bâti est prise en compte. La caractérisation de cette vulnérabilité considère notamment le nombre, le type et la valeur des bâtiments, la population, les infrastructures publiques et la présence de services essentiels.
MESURES D’ADAPTATION
La modernisation du cadre réglementaire génère des impacts majeurs pour de nombreuses municipalités du Grand Montréal. Dans un premier temps, la mise à jour de la cartographie des zones inondables pour tenir compte des évènements de 2017, 2019 et 2023, de même que son élargissement à la limite de la crue de récurrence 350 ans entraînent l’ajout d’une superficie importante de territoire déjà urbanisé et de plusieurs bâtiments auparavant non considérés à risque au sein des territoires encadrés par la nouvelle réglementation.
Puisque relocaliser tous ces ménages n’est pas envisageable, des mesures de résilience et d’immunisation doivent être mises en place afin de réduire les risques d’inondation.
Exemples de mesures pour diminuer l’exposition aux inondations :
- Ouvrage de protection contre les inondations
- Bassins de rétention
- Rues et parcs éponges
- Renaturalisation
Exemples de mesures pour réduire la vulnérabilité du cadre bâti :
- Rehaussement des maisons
- Clapets
- Matériaux étanches
- Système de pompage
PLANIFICATION STRATÉGIQUE
La CMM a adopté et met en œuvre plusieurs plans qui visent à améliorer la résilience du Grand Montréal.
Le PMAD propose entre autres des objectifs en matière de renaturalisation des berges et de protection des zones inondables.
L’adaptation du territoire aux changements climatiques en renforçant sa résilience est l’un des quatre objectifs du Plan climat métropolitain.